Le Comité de salut public de la Convention nationale
286 LE COMITÉ DE SALUT PUBLIC
un état bien plus grave. Villaret-Joyeuse donna alors l’ordre de cesser le combat et de dégager les vaisseaux ; toutefois, il resta sur le champ de bataille, prèt à recommencer la lutte si lord Howe l’attaquait. Celui-ci, sans doute trop éprouvé, lui aussi, pour achever la déroute de la flotte française, ne l’essaya même pas, et à huitheuresdusoir, Villaret-Joyeuse reprit ladirection de Brest. Il abandonnaïit aux ennemissix vaisseaux, ou plutôt six carcasses de vaisseaux, selon l'expression de Saint-André; en outre, parmi ceux qu'il ramenait, cinq se trouvaient si endommagés qu'on dut les remorquer. Sur sa route, Villaret-Joyeuse aperçut , le 9 juin, une escadre anglaise forte deneuf vaisseaux sous les ordres de lord Montagu ; avecses dix-neuf vaisseaux si maltraités, il la poursuivit quelque temps; puis, supposant - qu'on cherchait à l’entraîner au large, il la laissa, et arriva deux jours après dans la rade de Bertheaume. Que devenait le convoi? Pendant que se livrait la bataille du 1° juin, il passait dans les parages où avait eu lieu le combat du 29 mai, et où il trouva des débris de mâts. Van Stabel aurait pu rencontrer soit l'escadre victorieuse de lord Howe, soit celle de Montagu; par un heureux hasard, et aussi grâce à sa prudence, il n’en fut rien, et il rentra sans encombre à Brest. Néanmoins, la bataille du 1‘ juin était une défaite, très honorable, il est vrai, et que peu d’efforts auraient pu transformer en victoire, mais c'était une défaite. L’équipage ne demandant qu’à combattre, Jeanbon SaintAndré avait facilement accordé une autorisation qui flattait son ardeur belliqueuse et ses espérances secrètes. La réorganisation de l’escadre de Brest était son œuvre; de là à la croire invincible, il n’y avait pas loin. Son optimisme lui voilait la vérité : la plupart des hommes