Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

EN REDESCENDANT LE VARDAR 169

peu d’audace, il pourrait aussi bien nous tenir sous ses baïonnettes. Pendant un mois, chaque jour, à l'heure qu’il croit être celle où arrive dans la gare notre train de ravitaillement, l’adversaire nous a salué de six coups de canon. Quelques carreaux brisés, un toit effondré, un mulet malencontreux coupé en deux, une pile de foin incendiée : les dégâts se bornent à peu de chose.

Cette nuit-là, 1“ décembre, Krivolak a compté les six coups de canon réglementaires. Les projectiles ont éclaté sec dans l'air glacé, un peu partout sur le village. Les rares habitants encore dans leurs maisons — car la majeure partie a évacué le matin même — ont ramené sur leur tête la couverture en peau de mouton, tout en pensant : « Le sixième obus est tombé. Rendormons-nous. » Mais cette fois un septième obus siffla, et après lui un huitième auquel bien d’autres succédèrent. Ils arrivalent par salves. Les Bulgares pointaient sur la gare. Devant elle, sur la voie unique,