Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

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nos artilleurs hissaient leurs pièces sur les plates-formes du dernier train.

Car le dernier train va partir. Dix jours durant, vers la frontière grecque, le petit train poussif a emporté les tentes des ambulances, les munitions superflues, les évacués, les prisonniers, les équipages de toutes sortes. Il arrivait de nuit, le petit train, il repartait avant le lever du jour, de crainte des obus bulgares. Depuis deux mois, le petit train a échappé aux projectiles ennemis. Mais cette fois-ci, la dernière, voici qu'il recevra le baptème du feu. Un shrapnell a coupé net la cheminée de la machine. Un autre a mis le feu à un wagon. La lueur de l'incendie sert de point de mire aux Bulgares. Les coups redoublent. Chargez, chargez le dernier train qui va partir!

Et sous la mitraille on charge. Jusqu'à ce soir encore on n y voulait pas croire. On avait vu partir les ambulances, les munitions superflues, les prisonniers, les équipages. On pensait : « Bah! tout ce débar-