Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

L'AUTRE RETRAITE 199

par l’Albanie, vers l’Adriatique. La Grèce n'avait pas vu l’effroyable retraite. Ils se sont réfugiés ailleurs, les misérables exilés! Tant mieux ! Ils campent vers Durazzo, vers Valona, vers Scutari ! Qu'ils ÿ restent ! Mais voilà que tel un reproche vivant, le Roi errant débarque à Salonique!

Quand les officiers grecs surent la chose, — ces officiers quibattaientenretraite, —ils refusèrent de traverser la ville. [is n’osaient se faire voir du Roi errant. Seuls les soldats passèrent en troupe, en troupeau. Ils allaient, tête baissée, sans lever les yeux :; ils défilèrent devant le consulat de Russie, devant celui d'Angleterre, devant celui de France. Devant le consulat de Serbie, où se trouvait le Roi errant, l’armée grecque ne leva pas les yeux. Elle battait en retraite, muette, sinistre. Elle passa devant la stèle qui marque la place où mourut pour la Macédoine un roi de Grèce, un vrai roi celui-là, le roi Georges. L'armée grecque n’osa pas regarder. L'armée grecque défila plus loin, devant un bureau de vote, car il