Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

198 LE DRAME SERBE

sur les routes d'Albanie, dans les gorges sauvages où rôde le brigand mirdite et le comitadji bulgare ! Lui! On le disait décidé à se réfugier en ltalie, en France, en Corse! Lui! Il est là, à Salonique! Là-bas, à Valona, trop de hautes montagnes le séparaient de son ancien royaume. Il s’est réembarqué. Le voilà, le Roi errant. Il tourne autour de ce qui fut son pays, il cherche à s'en rapprocher, à respirer un peu du vent qui aurait passé par la plaine de Kossovo et sur les forêts de la Morava…

Allons, levez-vous ! vous, le préfet grec, vous, les fonctionnaires grecs! Le Roi est là ! Tout d'abord, on refusait d'y croire. La Grèce, royaume de Sophie de Hohenzollern, avait laissé écraser son alliée. Mais la Grèce voulait oublier et elle commençait à oublier. De l’agonie serbe, on n'avait vu dans Salonique que quelques rescapés, un petit troupeau de femmes et d'enfants, venus à pied par Monastir. La horde affamée, les corps errants de la Serbie, le gros de l'exode tragique s'étaient écoulés, d'un autre côté,