Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

202 LE DRAME SERBE

camp retranché de Kavadar. Il était alors le train de la Serbie, celui dont tout un peuple assiégé attendait l'entrée triomphale dans Uskub, la locomotive ornée de drapeaux et les plates-formes chargées de canons. Au fur et à mesure de notre repli, ce train qui jadis franchissait une frontièreavait écourté chaque jour davantage son trajet. Suivant le sort de l’armée d'Orient, il battait en retraite. Ce convoi militaire qui coopérait à la conquête d'un pays, ne coopère plus aujourd'hui qu'à la défense d'une ville. Il est devenu le train de Topsin, un simple train de banlieue.

Quel habile régisseur fut chargé dè combiner l'horaire des transports maritimes ou terrestres de cette guerre d'Orient ? De nuit on abordait à Sedul-Bahr. De nuit on montait vers Krivolak. De nuit encore on arrive à Topsin. Aller vers la bataille sans l’avoir prévue, être transporté dans un décor sans avoir pu rien en deviner durant le voyage et voir soudain sans transition le soleil se lever sur la scène... Vers six