Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

204 LE DRAME SERBE

un Vardar aux rives basses, un Vardar dont le cours lent se traîne au travers de terres marécageuses, comme s’il voulait retarder par ses méandres et sa lenteur, l'heure où il va se perdre et mourir dans la mer.

Un vent froid secoua l'herbe courte des terresabandonnées, coucha les rares roseaux épargnés par le feu d'une armée qui se prépare un champ de tir. Des plaques noires tachaient le sol gris, marquant la place où nos soldats avaient brûlé quelques maigres arbrisseaux qui eussent pu servir à masquer une avance bulgaro-allemande.Devantnous, la rive droite du fleuve n’offrait que solitude et silence immense. Derrière cette solitude et ce silence, les Alliés attendent l'ennemi. L'appel d'un clairon français secoua la rive gauche. D’heureuses ondulations de terrain masquaient l'emplacement des camps. Des hommes nous apparurent sans que nous ayions pu voir les villages de toile d'où ils sortaient. Le long d’une crête, le rectangle des pelles plates et la double pointe des pioches se profilèrent. Elles dominaient