Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

23/4 LE DRAME SERBE

où la Serbie était encore debout. Ensemble nous avions vu la mitraille allemande s abattre sur les positions serbes, au point de changer en une nuit le forme même des crêtes. Ensemble, à l'heure de la retraite, avec la dernière arrière-garde, nous avions, du haut de la colline d'Ossovietz, jeté le dernier regard sur Belgrade la blanche capitale. Ce sont là des minutes que l’on n'oublie pas et qui créent des liens entre ceux qui les ont vécues.

Mon compagnon me fit asseoir devant sa tente, sur une caisse de bois blanc d'où ses soldats venaient d'extraire un lot de chaussures de l’intendance française. Déjà quelques-uns des artilleurs, ayant troqué leurs lambeaux d'uniformes contre la tenue kaki des troupes britanniques, donnaient au camp un air de renouveau.

— Eh bien! à quoi penses-tu, maintenant quetues mieux vêtu que l'empereur Douchan lui-même ? cria l'officier à l’un des rééquipés qui, dans tout son costume, n'avait plus de serbe que son traditionnel bonnet fendu.