Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

SUR LES BORDS DU VARDAR 15

Une nouvelle brève et dure attendait les Alliés à leur débarquement à Salonique. Les Austro-Allemands depuis hier ontcommencé l'offensive devant Belgrade. Me rendant au grand quartier serbe, puisde là surle front du Danube, j'ai fait halte à Stroumitza, où l’attaque bulgare (qui pourrait en douter?) est imminente. Déjà ici, la nature entière participe à la lutte prochaine. Le cadre seul suffirait à engendrer celle-ci, si la haine farouche de deux races avait encore besoin d’un stimulant. Ici le Balkan se dresse plus dénudé, plus menaçant que partout ailleurs. Iei le buisson semble n'avoir poussé que pour recéler l’embuscade. Chaque ravin est un piège, chaque passant un ennemi.

Ici les fleuves roulent noirs, et si les eaux du Vardar sont sonores, croyez bien que leur chanson n’est qu'un appel de plus aux armes. La plaine, la plaine macédonienne elle-même qui fut si cultivée, si riche, si joyeuse, s’est changée en un désert que l’homme fuit, poursuivi par la hantise des massacres qui sy perpétrèrent. Dans