Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

SUR LES BORDS DU VARDAR 19

fantassin serbe mais de race tzigane. Il porte un violon sous son bras, car il est à la fois poète et soldat. Chaque régiment slave possède ainsi son aëde, dont les chants consolent aux heures douloureuses de la gucrre.

Ici même où nous sommes, le soir de l’incursion, le commandant Miliachevitch et ses officiers soupaient etce mêmetzigane leur jouait un air de son pays... « Bienaimé, mon bien-aimé! Finira-t-elle jamais la nuit tragique, à la fin de laquelle tu dois partir pour le combat?... » Dieu protégea le chanteur qui, quoique percé de trois balles put échapper pourtant aux recherches des assassins.

— Tzigane, dis-nous le chant que tu chantais ce soir-là!

Ici, dans cettemême maisonnette du Vardar, à cette même table! Et le même musicien! C'est l'évocation du drame, presque sa reconstitution, Par une nuit noire comme celle-ci, le commandant Miliachevitch et ses officiers soupent tranquilles, La fron-