Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916
22 LE DRAME SERBE
personne ne reculera. La mort plutôt! Et ils meurent. Les sections tombent l’une après l’autre. Les comitadjis se précipitent, arrachent les langues, crèvent les yeux, s’acharnent sur les cadavres. Miliachevitch à son tour est frappé. Les Serbes ne sont plus que 20, puis 10, puis 5. La résistance dure depuis dix heures du soir. Il est sept heures du matin. Deux hommes restent debout. Puis un seul, ce tzigane. À ce moment une sonnerieéelate de l’autre côté du fleuve. Ce sontles renforts serbes! Ils arrivent, ils sont là. Les comitadjis se concertent, hésitent, reculent, battenten retraite, repassent le Balkan. Le pont du Vardar est sauvé | Le seul qui survécut à ces heures est là, ce soir, devant moi. Son violon pleure comme l'autre fois, voilà six mois, avant l'attaque tragique. Alors, la tension était moins grande entre Sofia et Nisch. Alors la Bulgarie n'avait point mobilisé. Alors les agents allemands ne tentaient pas l'effort suprême sur les ministres de Radoslavof. Alors la Serbie vivait en paix avec la Bul-