Le Général Moreau (1763-1813)
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de la joie la plus vive lui furent prodigués. Bernadotte le serra dans ses bras, le traita en ami et en frère. Mais Bernadotte n’était déjà plus sincère. Comme Moreau, il escomptait la chute de Napoléon. Il aspirait à la couronne de France, autrement brillante que celle de Suède. Réfugiée auprès de lui, madame de Staël stimulait son ambition, l'entretenait dans l'illusion sur les véritables sentiments de la nation française. D'autre part, le czar également, pour le river à la coalition, l'avait ébloui de la chimérique espérance que l'héritage du vainqueur d’Austerlitz et d’'Iéna pourrait bientôt lui échoir. Il est facile de juger par là combien, à Stralsund, étaient francs ses épanchements et ses caresses. L'ancien compagnon d’armes lui parut dès la première rencontre ce qu'il était en réalité, un rival de gloire militaire, le plus dangereux des compétiteurs politiques. Rejoint par le colonel Rapatel, son ancien aide de camp, Moreau, toujours en compagnie du Russe Swinine, passa à Berlin où une foule considérable vint pousser des hourrahs sous