Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures
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des morts se trouvèrent là le lieutenant-colonel Fritz de Fricheins, son aide de camp et huit autres officiers.
Le relour des troupes à Risano où les insurgés les accompagnaient à coups de fusil et pas à pas, ressembla plutôt au désastre d'une retraite qu'à la marche d'une armée qui, ayant atteint son but, pouvait se dire victorieuse. Exténués de fatigue, mourants de faim et de soif, les chaussures déchirées, les pieds ensanglantés par les rochers et les broussailles , traïnant péniblement à leur suite des centaines de blessés et déplorant tant de morts inutiles, les soldats autrichiens portaient sur leur figure le cachet de cette fatalité qui, dès le début de cette malheureuse insurrection, semblait partout les poursuivre.
De vingt-deux mille hommes qui avaient été successivement envoyés dans les Bouches, c’est à peine s’il en restait dix mille en état de continuer la guerre : le bataillon archidue Albrech avait à lui seul perdu sept cent quatrevings des siens. Les hôpitaux de Cattaro regorgeaient de malades, et la mort venait y chercher ceux que les balles boccésiennes n'avaient pu atteindre. L'autorité, très-disposée à rejeter ses insuccès sur le parti slavéno-serbe, accusa de connivence avec les msurgés quelques employés de Cattaro; c’est ainsi que le directeur du gymnase, J. Péritchitj, et deux employés des postes, C’rnitsou et Subotitj, furent destitués.
On reprit le procès du pope Tamovitj, et le ministère publie demandait son exécution, que l'espoir de quelque révélation faisait seul suspendre. Le parti italien, de son côté, signait des pétitions adressées à l'empereur pour demander le maintien de l'autorité dans les mains du général Wagner, à Zara, et dans celles du capitaine