Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

INTRODUCTION HISTORIQUE. 49

sur Châteauneuf, tandis que la seconde se dirige vers Risano à la rencontre des Monténégrins et Côtiers. La première colonne, accueillie par le feu de la forteresse et par celui des vaisseaux, dut se retirer et rejoindre la seconde, qui était engagée avec les troupes du vladika.

Cette journée, fatale aux Français, int signalée à la fin par des prodiges de valeur de part et d autre, et par des actes de cruauté inouie du côté des Monténégrins. On se battit jusqu’après minuit, et Marmont dut poursuivre sa retraite jusqu'au camp établi à Soutorina. Le même jour, une compagnie, conduite par le serdar Giko Martinovitch, tournait les Francais et venait jusqu'au camp de Vitaline enclouer leurs canons et délivrer les prisonniers russes.

Marmont, craignant d’être entouré, se hâta de lever le camp dès la nuit suivante, et, abandonnantses gros bagages, se dirigea vers Tsavtat. À ce moment, les sentinelles monténégrines, s'étant aperçues de sa retraite, réveillèrent tous les leurs au eri de : « Sur pied, les braves! les Français s’enfuient! » Après deux heures de poursuite, le vladika, avec ses Monténégrins et les gens des côtes, tombait sur les derrières des Français, qui tinrent bon tant que les troupes russes ne vinrent point elles-mêmes prendre part à l'attaque. Mais alors, pressés, harcelés de tous côtés, les soldats de Marmont durent précipiter leur marche, laissant au pouvoir de l'ennemi leurs armes et leurs blessés, et exposant ces derniers à subir les sanglantes représailles de la guerre monténégrine.

Marmont, forcé de se renfermer à Raguse et à Tsavtat, attendait d'Italie des renforts qui n’arrivaient pas, tandis que, dans des escarmouches fréquentes, Monténégrins et Côtiers lui faisaient subir des pertes incessantes et se retiraient ensuite à l'abri du canon de Châteauneuf. Mais, à la nouvelle que Napoléon se préparait de nouveau à marcher contre la Prusse alliée à la Russie, les deux partis suspendirent tacitement leurs opérations, attendant du Nord les événements qui fixeraient les destinées du Sud. Du reste, des complications survenaient du côté de Constantinople, et il