Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

36 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

meuf, partit avec eux du côté de Raguse qu’on voulait assiéger. Savo Plaménats, qui s'était rendu à Saint-Pétersbourg pour la mission dont il a été question plus haut, faisait altendre son retour, et tandis que Le vladika, toujours incertain de l'avenir, administrait aussi bien que possible ses nouveaux États, Miloutinovitj ayant recu de nouveau, de Vienne, l’ordre d’occuperles Bouches, s’avança jusqu’à Chàteauneuf, où il entra le 27 mai 1814. Le 2 juin, Cattaro lui ouvrait ses portes, et l'occupation du canal par les Autri« chiens se trouva complète. Le vladika n'ayant plus rien à faire hors de sou pays, retourna à Tsettinjé, ayant de nouveau perdu tous les avantages qu’il pouvait espérer de son héroïsme militaire et de sa prudence politique. Du reste, Savo Plaménats arriva bientôt, apportant une lettre du tsar qui prescrivait la remise des Bouches aux Autrichiens, assurant en même temps que les droits des Boccésiens seraient entièrement respectés.

Les années qui suivirent, malheureuses à tous les points de vue pour le Monténégro, furent signalées par un état d’anarchie, auquel Pierre I‘ opposa, mais en vain, tout ce qui lui restait de force et d'énergie; non-seulement les nahie entre elles, mais les plémena et les villages, ne cessant d’avoir les armes à la main contre leurs voisins, négligeaient la culture et préparaient insciemment une succession d'années de famine et de désolation, telles que, le pays ne pouvant plus nourrir ses habitants, l’émigration en emportait tous les jours quelques-uns tantôt vers la Russie, tantôt vers la Serbie.

Les seules consolations que Pierre l'" devait recevoir pendant cet intervalle de quinze années, qui s’écoula jusqu’à sa mort, lui vinrent des derniers succès qui signalèrent la fin de son règne aussi long que glorieux. En 1820, le vizir de Bosnie, Djeluladine Pacha, après avoir apaisé sa province insurgée, songea à soumettre le Monténégro, et il envoyà en Moratcha un de ses lieutenants à la tête de douze mille hommes. Cette armée commença par dévaster la Moratcha