Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

58 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

loi et leur donner connaissance de nouveaux articles ajoutés au code précédemment édicté (zakonik).

Malgré sa sainteté, son dévouement et ses bonnes intentions, l'illustre vladika vit pourtant la calomnie s'acharner contre lui. Des rapports mensongers le peignirent au saint Synode sous les plus noires couleurs, et ces perfides insinuations arrivèrent jusqu'aux oreilles de Paul Le lui-même. On l'accusait de laisser péricliter toutes les bonnes coutumes religieuses, de négliger l'exercice du culte’, d'abandonner les monastères où ne régnait plus que la solitude.

Aussi le comte Yvelitch fut-il chargé à la fois par l'empereur et lesaint Synode de se rendre au Monténégro pour instruire une enquête à ce sujet. L’envoyé russe étant arrivé à Cattaro (janvier 1804), ne voulut pas se rendre à Tsettinjé, et il convoqua auprès de lui les chefs monténégrins pour apprendre de leur bouche la vérité. En même temps que Pierre Irfaisaitremettre à Yvelitchune longue lettre explicative où il réduisait à néant toutes les accusations portées contre lui, les chefs eux-mêmes signaient une protestation énergique contre toutes les allégations dont leur chef était la victime.

Alexandre, qui était sur ces entrefaites arrivé au pouvoir, dut charger plus tard Mazourewski, son consul à Raguse, de terminer pacifiquement cette affaire. Doué d'un esprit très-fin et très-habile, Mazourewski arriva promptement à rétablir la bonne intelligence entre le vladika et le commissaire russe Yvelitch, et il put donner à son gouvernement les assurances et les preuves les plus positives du dévouement du chef des Monténégrins pour la Russie et pour le tsar.

Le 18 octobre de l’année 1830, Pierre [*', qui était alors dans sa quatre-vingt-unième année, était assis, suivant la coutume des Monténégrins, devant le feu de sa vaste cuisine; donnant à ses chefs réunis autour de lui des instructions relatives à l'apaisement de quelques différends survenus entre des Plémena. Le vieux vladika se sentant faiblir, annonça que sa dernière heure était venue, et il pria qu'on lé