Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

INTRODUCTION HISTORIQUE. 5 dernière ville le secrétaire du prince, M. Delarne, chargé de s'entendre avec les consuls européens et le commissaire général de la Porte | Kemal-Effendi » au sujet des UE de conciliation qu il croyait encore possibles. Maïs l’envoyé de Mirko, arrêté à son passage dans le camp ottoman, fut conduit à Hussein-Pacha, qui crut bon de le garder comme otage. r _

Le général ottoman, appréciant alors toute la gravité de sa situation, décida son mouvement de retraite, qui commença dès le 13 au matin. Mais toutes ses dispositions vinrent échouer contre les difficultés du terrain, représentant une sorte d'entonnoir dont les Monténégrins couronnaient tous les bords. À un signal donné, ceux-ci, le sabre au poing, € précipitèrent comme une avalanche sur les trou= pes impériales , massacrant tout ce qui se trouvait devant eux, ou tombant à leur tour, aux retours offensifs de deux bataillons de la garde impériale qui luttaient à l’arrière-

arde avec la frénésie du désespoir. L’artillerie ottomane, établie dans des plis de terrain, avait jusqu’à ce moment continué son feu, mais enfin celui-ci s'arrêta subitement : tous les artilleurs venaient d'être massacrés sur leurs pièces par un peloton de montagnards sous les ordres d'un voivode. Depuis deux heures la retraite se continuait dans ces désastreuses conditions, quand soudain la fusillade éclate sur le front de l’avant-garde ottomane : c'est Petar Stephanov qui, après avoir intercepté le convoi attendu, se rabat sur l'armée en déroute. Alors, sur un parcours de deux lieues, ce ne fut plus qu'une lutte sauvage autant qu'héroïque, où de part et d'autre on ne voulait plus céder. La division de la garde, formée en carré, attendait impassible le choc des Monténégrins qui, détournant d’une main les baïonnettes, plongeaient de l’autre leur handjar dans la poitrine deces vaillants soldats. Kadri-Pacha, qui commandait cette troupe invincible, fut tué un des premiers, et tous tombèrent après lui, faisant de leurs rangs décimés un rempart de cadavres qui, pendant quelques instants encore, pro= tégea les débris de l’armée d'Hussein-Pacha. Les deux