Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

14 LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

Disposée à en finir pour toujours avec la question du Monténégro, la Porte, en dépit des intentions favorables de la France, avait donné à l’armée de Trébigné l’ordre d’occuper la vallée de Grahovo. Le 4 mai, les troupes ottomanes au nombre de sept mille hommes, sous les ordres de Hussein-Dähim Pacha, entrèrent sur le territoire de Grahovo, par laroutede Klobuk, enlevérent en passantle village de Baguani et atteignirent le plateau de‘ Grahovatz, où elles établirent leur campement. Petar Philippo qui, avec quatre cents Monténégrins, occupait la position d'Umatz et la plaine voisine, informa immédiatement Danilo de ce qui avait lieu, en même temps qu'il protestait inutilement auprès du pacha contre cette invasion. Le prince remet le commandement en chefà son frère Mirko et fait partir immédiatement en avantgarde les Katouniani, sous les ordres de son cousin Kersto et des deux voivodes Petar Stephanov et Ivo Radonitj. Les contingents de la Riechka et de la Tsernitsa arrivent bientôt à Tsettinjé, et se mettent à la suite de Mirko, qui, le 10, atteint Grahovo, deux jours après Stephanov, lequel s'était porté en face de Grahovatz pour observer l'ennemi.

Le 11, les Tures, obligés de s'emparer du torrent de Grahowstska Rieka pour s’approvisionner d’eau, attaquent Petar Stephanov, qui tient bon, tandis que Mirko etRadonitj, avertis par la canonnade, se portent à son secours. Stephanov ayant repoussé l'attaque dont il était l'objet, les Riekani demandaient à grands cris à s’élancer sur le camp ennemi; mais Mirko les retint et, le soir, ramena toutes ses troupes en arrière, à l'exception de celles de Stephanov, qui gardèrent leur première position, et d’un petit corps qui était allé, pendant le combat, s’établir sur la route de Klobuk, pour intercepter les communications entre cette forteresse et l’armée ottomane.

La journée du 12 se passa en négociations pour la conclusion d’un armistice de quatre heures, qui permit aux Turcs de venir puiser de l’eau dans la vallée, et dans l'attente pour ceux-ci d’un convoi qui devait arriver de Klobuk. Mirko, de son côté, crut devoir envoyer dans cette