Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

244 LE PACTE DE FAMINE /

Aucun document ne fait connaître que cette espèce de malades y fut recue gratuitement. Tous ceux qui existent dans les archives de la maison attestent, au contraire, qu'on n’y était admis que moyennant le paiement d’une pension qui était réglée amiablement suivant la fortune des familles et le régime appliqué aux malades. Les moindres (c'étaient celles qui étaient payées par le roi) étaient de 800 fr. Les autres variaient entre 1,000 et 2,400 fr. C'etait beaucoup à une époque où l'argent avait une valeur bien supérieure à celle qu’il a aujourd’hui.

Bicétre en 1884 *.

Le Cri du Peuple (Snovembre 1884) donne sur l'asile de Bicêtre….. des détails qui font véritablement horreur. Les salles, qui ne sont balayées que lors des visites officielles, sont dans un état de malpropreté repoussant. Les infirmiers se font un jeu de frapper les malheureux fous à coups de poing ou à coups de clefs ; quand ils sont en belle humeur, ils garrottent l’infortuné qui leur tombe sous la main et le livrent au baigneur, qui le plonge dans un bain froid « en maintenant la tête sous l’eau jusqu'à ce que le visage &u patient soit devenu violet. »

Le Directeur encourage ses employés et rit à se tordre, quand les victimes manifestent leurs souffrances par d'épouvantables grimaces; les médecins se contentent de signer les cahiers des malades et de toucher les émoluments octroyés pour cette bonne Assistance ; les internes font la noce, les garcons de salles les imitent.

Dernièrement on livra au baigneur un paralytique général ; le baigneur faisait un cent de piquet; aussi, furieux, il grogna : « Attends, vieille crapule, je vais l’apprendre à me déranger ! » et iljeta le misérable dans une baignoire remplie d’eau presque bouillante. Lorsque l'infirmier de la salle, Pariset, revint chercher son paralytique, il s’aperçut avec stupeur que celui-ci était complètement échaudé : « La peau de son corps s’enlevait par longues bandes, » nous dit un témoin oculaire. Aujourd’hui — deux mois après ce bain bouillant — les brûlures ne sont pas encore guéries !

Ce n’est là qu'un cas entre mille. On opère de la même façon pour les vieillards ; l'un d'eux a été pendu par les pieds et est resté la tête en bas, pendant plus d’une minute, parce qu'il avait sali son lit.

1. Extrait de la France juive de M. E. Drumont, II, 544.