Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

30 PACTE DE FAMINE

Je vous préviens que si vous écoutez les criailleries de ces imbéciles et que vous envoyez des troupes, de les bien instruire, afin qu’ils protègent le désordre. Vous pouvez m'adresser le commandant, mais qu'il ne vient chez moi que la nuit, nous agirons de concert. À samedi grand carillon. Je suis, avec tous les sentiments que vous me connaissez, mon cher ami, etc.

Signé: LAVALLERIE, Commissaire au contrôle et officier municipal.

L’enveloppe, timbrée d'Étampes, porte : Monsieur Barry, maire de la ville de Paris, à Paris.

Notre affaire a réussi, mon cher ami, au delà de nos désirs, le détachement a été chassé à coups de pierres et de fusil, les officiers municipaux ont été traînés par les cheveux en prison. Les membres du district ont été pendant deux heures entre la vie et la mort. Tout a été confusion dans la ville, vendredi au soir et toute la nuit. J'étais caché chez la Simonneau, tanneuse, d’où je donnais des ordres ; ces ouvriers étaient envoyés par moi. Enfin toute la municipalité est en fuite. J'attends tes ordres, mon cher ami, pour finir notre ouvrage ; un seul mot suffit ; nous sommes retirés à Versailles, d'où je fais agir. Nous sommes quatre : Constance, fripier, qui est un insigne coquin, les trois frères Jérôme, meuniers et voleurs, et Simonneau, tanneur : ils me sont vendus et à mon service ; ce sont des lâches, mais très bons pour les coups de main cachés.

On me mande qu'il est question d'envoyer des troupes ; fais en sorte, mon cher ami, qu’ils soient en petit nombre, afin qu'elles soient encore chassées, car il serait dangereux qu'ils fussent en force, notre projet serait manqué. Je vais, d’ici à mercredi, armer les citoyens les uns contre les autres. Les mêmes qui ont voulu massacrer vendredi soir sont à mes ordres, et quoiqu'il n’y ait plus aucun administrateur, il en reste assez pour nous venger. Il y a un imhécile de charpentier qui paiera pour tous ; je le fais suivre jour et nuit. Les moulins ne tournent plus, voilà notre projet qui va bien. Adieu, cher ami, un peu de courage et nous viendrons à bout de tout ; tu peux toujours compter sur moi, je suis homme à tout faire, pourvu que je sois caché. Garde-moi le secret et agis, car tu dois savoir, mon tendre ami, que c’est de là que dépend le succès. Je te ferai part de ce qui arrivera dans la semaine, qui sera sûrement très orageuse, d'autant que le département est d’une bêtise qui me fait rire. Ils ont la plus grande peur de moi. Adieu, je te baise les mains. Jusqu'à la mort, je suis tout à toi.

: Signé: LavaLLery, Commissaire au Contrôle, officier municipal d'Étampes.

À Versailles, ce AOL, P.-S. Fais moi donc réponse, car je suis inquiet,

Sur l'enveloppe timbrée d'Étampes, est écrit : Monsieur Baïizy, maire de Paris, à l'Hôtel de la Mairie, à Paris.