Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

PIÈGES JUSTIFICATIVES. — DEUXIÈME PARTIE 47

depuis cinq ou six jours. La misère, qui me poignarde de plus en plus pour subsister depuis trois ans, me fait vous conjurer de mettre ma cause aux voix pour faire sortir le décret qui doit terminer mon sort ; c’est l'affaire de deux minutes de discussion. Que l'humanité, la pitié, la générosité vous engagent à cette bonne œuvre, au moment des pétitions.

Je suis avec respect, Monsieur le président,

Le malheureux prisonnier d'État en cinq enfers, après vingt-trois ans de détention et de torture imméritées,

J.-C.-G. Le Prévôr pe BEAuMoNr. Ce 19 septembre 1792.

En marge on lit: Décrété que le rapport sera fait à la séance de demain an soir. — Marbos.

Monsieur le président,

Je me présente pour vous rappeler mon ajournement d’hier à aujourd'hui soir, dont j'ai prévenu M. Rever, mon rapporteur ; daignez épier le moment qui vous paraîtra m'être favorable pour demander les voix de l’Assemblée sur mon sort. Beaucoup de ministres et de financiers auxquels il n’était dû que des punitions depuis trois ans, ont obtenu des sommes énormes sur les fonds de la nation, et je ne demande que de quoi subsister à l’âge de soixante-huit ans, et pour pouvoir la servir encore en des points de haute considération. Réservezmoi à poursuivre mes persécuteurs devânt les tribunaux : Laverdy, Sartines, Boutin, Malesherbes, Albert, Amelot, Lenoir, Breteuil, Villedeuil, Decrosne et autres émigrés qui ont laissé de gros biens en France et qu’on n’a point décrétés. J'ai l'honneur d’être bien respectueusement, Monsieur le président, Votre très affectionné frère,

Le Prévôr pe BEaAumonr.

Ce 20 septembre 1792,

En marge on lit : Le rapport doit être fait ce soir.

(Mortimer-Ternaux. Histoire de la Terreur, V, 524.)