Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

46 PACTE DE FAMINE

VII

REQUÊTES DE LE PRÉVOT À L'ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE

Législateurs,

Par décret du 13 décembre 1790, l’Assemblée constituante a reconnu et déclaré que tout citoyen qui a bien mérité de la patrie et servi la nation, quia pour elle sacrifié son intérêt particulier ou qui souffre les tyrannies sourdes du despotisme par des considérations, des pertes et des malheurs inévitables, avait droit de prétendre aux bienfaits de la nation, et l’Assemblée constituante, considérant, par principe d'équité, qu’une juste indemnité leur est due, à indemnisé sur-le-champ les sieurs Debacque frères, Chapellon et Touchard, armateurs d’un navire à eux pris par les Algériens; vous avez vous-mêmes, Messieurs, décrété 300,000* de provisoire pour les habitants d’un faubourg de Courtray, qu'avait incendié l’un des aides de camp du traître fugitif Lafayette, nommé Jarry.

A bien plus forte raison accorderez-vous un sort à des Français connus des meilleurs patriotes, qui, comme moi, ont combattu les despotes et dénoncé les manœuvres tyranniques des rois et de tous leurs ministres, accoutumés jusqu’alors de faire naître onze cruelles famines générales dans les provinces du royaume, depuis 1729 jusqu’en 1789. Ces famines, durant soixante ans, n’ont cessé de provoquer la révolution actuelle, qui, par un bonheur que je n’espérais plus, m'a rendu tout nu à la vie et à la liberté.

Actuellement et depuis trois ans, je ne subsiste que péniblement par la générosité de plusieurs compatriotes. Par nombre de pétitions, je sollicite les Assemblées nationales, et je produis des preuves insurmontables ; Le rapport est imprimé et vous est distribué, il ne faut plus qu'un moment ; daignez donc opiner et décider de mon sort. Ce sera finir vos séances par un acte d'humanité et de justice.

Le PRévôr DE BEAUMONT.

Ce 19 septembre 1792.

Deux mentions en marge font connaître que cette lettre fut lue à l’Assemblée nationale et que l’ordre du jour fut adopté.

Monsieur le président,

Ma cause, qui est celle de l’État, est en état et à l’ordre du jour. Le rapport, par la volonté de l’Assemblée, est imprimé et distribué à tous MM. les députés