Le Royaume de Monténégro : avec une carte
GOUVERNEMENT
Nulle part, en Europe, il n’est de régime plus autocratique que celui du Monténégro, malgré l'établissement, en 1905, par Nicolas Ier, d’une constitution et d’une Chambre des députés, comprenant 61 membres, Il est vrai que ces représentants du peuple ne sont guère que les humbles serviteurs de la Couronne.
La Chambre des députés (Scupchina) établit un budget provisoire de l’État, exception faite en ce qui concerne la guerre et les affaires étrangères, dont s’occupe personnellement Sa Majesté, qui s’est réservé le droit d'y apporter toutes modifications jugées par lui nécessaires. L'opposition faisant défaut au Scupchina, la volonté du Roï ne peut être que toute-puissante, comme son pouvoir est illimité.
A la naissance de la constitution, beaucoup de citoyens espérèrent que la stricte observation de son texte permettrait de réaliser un Monténégro démocrate.
Ces rêveurs formèrent un parti anti-gouvernemental qui s’affirma, à plusieurs reprises, à la Chambre et dans le pays. Réveurs et opposants sont maintenant du passé : l'exil, la fusillade, la prison, les ont fait disparaître.
La masse du peuple aime son Roi, elle le vénère; la minorité le redoute et se tait, craignant que la moindre allocution d'ordre politique ne lui soit fatale.
Un des poèmes composés par Nicolas Ier contient un cycle intitulé Péchés dans lequel on lit : « Ce serait un péché que de proclamer le lièvre empereur, car l'âne ne lui serait pas inférieur. » Eh ! bien, le Roi n’est ni le lièvre ni l’âne : c’est un souverain plein de sagesse, de génie même, mais très autoritaire, parce qu'il sait ce qu'il veut.