Le système continental et la Suisse 1803-1813

des manufactu-

Renaissance

res de Lyon.

lin,

Industrie du

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et Bâle la France pouvait opposer deux centres de fabricaüon des soieries importants, les plus anciens de l’Europe, de tous temps rivaux des manufactures suisses. La crise révolutionnaire à Lyon et Saint-Etienne allait leur porter un coup terrible dont Lyon notamment sembla ne jamais devoir se relever.

Le malheur de leurs voisins avait eu pour les cantons les conséquences les plus favorables, car il augmentait leurs débouchés dans le nord et rejetait sur la Suisse une grande partie de la clientèle allemande des Français ?.

Pendant l'Helvétique, un phénomène inverse se produit. Tandis qu’en Suisse les manufactures de soieries pâtissent comme celles des tissus de coton du caractère désordonné de cette période, celles de Lyon reprennent vie. Dès 1806, l’introduction du métier à tisser Jacquart leur donnera une puissante impulsion. En attendant, Bonaparte prend en mains les intérêts de cette industrie renaissante?; secondé par Joséphine il préside en personne aux évolutions de la mode ; à la cour, les tissus de cotons disparaissent et cèdent la place aux étoffes de soie; les pesants manteaux brodés, mis en faveur à la Malmaison, s’en iront de Paris dans toute l'Europe *. Répandre sur le continent les soieries françaises, sera un des principaux objectifs de Napoléon et pendant tout son règne, il y vouera sa sollicitude personnelle.

De même qu’en matière d'articles de luxe, il espère donner la suprématie aux tissus de soie, Bonaparte compte sur les toiles de lin pour détrôner le coton dans les classes pauvres. Il dispose ici d’une industrie déjà ancienne, celle de la Flandre

1 En 1788, 9335 métiers à tisser la soie travaillaient à Lyon ; en 1803, il en restait encore 7000 ; dans ce nombre 3000 ne marchaient pas.

? À Zurich, on avait constaté de 1787 à 1800 une augmentation d'environ 3000 métiers. A la vérité, Burkli estime exagérés ces chiffres que fournit Bowring.

Burkli, Seidenindustrie, p. 229.

3 Le nombre des métiers en activité à Lyon était remonté en 1806 à

12 000. # Allqg. Zitq., 1803, p. 206.