Le système continental et la Suisse 1803-1813

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française avec les centres de Saint-Quentin et Valenciennes ; il possède surtout l’important appoint de la Belgique récemment conquise, qui produit en quantités inépuisables les tissus de lin et de chanvre et les matières textiles nécessaires à leur fabrication. Enfin, il trouvera dans la Suisse un adversaire peu redoutable.

Installée de toute antiquité dans un grand nombre de cantons, l’industrie du lin s'était développée jusqu’à la fin du dix-septième siècle dans les conditions les plus avantageuses. À cette époque, lapparition des toiles saxonnes, silésiennes et autrichiennes avait mis fin à cette belle expansion. En même temps, l’envahissement du coton lui enlevait des districts entiers, notamment dans la région orientale. Vers 1760, grâce aux luttes entre l’Angleterre et la France et surtout à la guerre de Sept ans qui avait anéanti ses rivales de Bohême et de Silésie, on l’avait vue renaître ?. Enfin, repoussée de France et d'Autriche par de fortes impositions ?, frappée en Allemagne et en Espagne par la concurrence des toiles irlandaises, elle avait été après ces vicissitudes définitivement reléguée à l’arrière-plan 3.

Néanmoins, elle occupait encore au dix-huitième siècle une main-d'œuvre assez considérable. Elle recouvrait deux zones, l’une au centre du pays, l’autre à son extrémité orientale. La première comprenait l’'Emmenthal et la Haute-Argovie. Elle avait son siège entre l’Emme et la Murg, autour

1 A Zurich, par exemple, le travail du lin constituait autrefois avec celui de la laine la principale activité industrielle du canton. A la fin du dixhuitième siècle, il n’existait pour ainsi dire plus.

Helv. Alm., 1803, p. 70.

? Les guerres amenèrent momentanément sur le marché des toiles de Saint-Gall un mouvement intense et un afflux d’argent extraordinaire.

Bernhard Wartmann, p. 173 ; — Häne, p. 26 ss.

$ Un droit de 1350 francs par quintal rendait impossible par voie légale toute importation de toile de lin en France. De même, les mesures prohibitives de Joseph IT avait fermé l’Autriche et la Lombardie à ces tissus.

Jenny, I, p. 720.