Le système continental et la Suisse 1803-1813

Mesures prohibitives en Italie. — 140 —

sèdent ni la volonté nécessaire, ni les capitaux suffisants; seule, l'initiative privée parviendra à tirer le pays de l’impasse où il se trouve.

Pour l’heure, cette minorité de citoyens pessimistes, mais clairvoyants, prêche dans le désert; il faudra la suite des événements pour faire entrer le pays peu à peu dans la voie

qu’ils ont montrée.

$ 6. — Nouvelles restrictions apportées au commerce suisse dès 1806.

À partir de 1806 le programme impérial se développait méthodiquement. Après avoir enlevé à la Suisse le marché de la France et de ses vassales, Napoléon s’efforçait maintenant de la murer en Europe, en lui supprimant ses débouchés continentaux accaparés au fur et à mesure par l’industrie française. Aussitôt après la promulgation des décrets prohibitifs de février, l'Empereur s’était tourné vers l’Italie en toute hâte, afin d’y poursuivre cette œuvre.

Au dix-huitième siècle, l'Italie comme la France avait été pour la Suisse un débouché important. Le faible développement économique de la péninsule avait amené bon nombre d'Etats italiens à faire à leurs industrieux voisins suisses les conditions douanières les plus favorables. Le trafic sur les deux versants des Alpes, limité d’abord aux matières brutes, au bétail, aux cuirs, s’était rapidement accru. Vers 1770, les produits manufacturés suisses avaient atteint Naples, vers 1789 ils avaient pénétré jusqu’en Sicile. Ces exportations comprenaient les tissus de coton de toutes catégories, plus spécialement les mousselines des cantons orientaux, les indiennes, notamment les mouchoirs imprimés, enfin les soieries et les toileries. Les principales maisons suisses s'étaient installées à Livourne, Gênes et Trieste d’où elles. continuaient le trafic sur l'Espagne et le Levant.

Les campagnes de Bonaparte terminées, l’Italie fut un des