Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, page 130
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Cependant, grâce à M'° Contat, personnification charmante, accomplie, du principal persounage, et à l'interprétation parfaite de Fleury, Saint-Fal, La Rochelle, et de Mis \ézeray et Devienne, cette coméilie fut applaudie.
C'était également en pleine Terreur, etsur le théâtre de la Nation, que, à la veille de la proscription des Girondins, on représentait, de l'auteur maniéré et galant des Lettres à Emilie sur la Mythologie (L), Charles-Albert Demoustier, deux comédies élégaimment et gracieusement versifices, offrant plusieurs scènes assez habilement traitées, mais abondant en préciosités, en mièvreries et en fadeurs. Ainsi, dans la pièce en trois actes, intitulée Les Femmes, jouée le 49 avril 1793, se trouvent des vers tels que ceux-ci, adressés par Justine à Eugénie, sa maitresse :
Les fleurs sur votre teint meurent à peine écloses, J'y vois encor des lis, mais j'y cherche des roses.
Voici également en quel termes cette dernière ee Re PR
(1) Cet ouvrage, rempli d'aperçus délicats, fins et ingénieux, fut aussi composé au cours de la période du terrorisme, ainsi que le prouve la préface suivante de la 4° partie, La 1'* avait paru en 1786 :
A ÉMILIE.
Quoi vous exigez, Emilie,
Qu'au bruit des canons, des tambours,
Je chante encor pour les amours!
Hélas! pourruis-je, mon amie, De Flore et du printemps vous peindre les beaux jours, Quand le deuil de la mort s'étend sur ma patrie!
Ma muse, couverte du voile de la douleur. cherche un silence dans nos forêts profouiles, et, sous nos antres solitaires, un asile où li Discorde et la Haine n'aient point encore péuétré. Là, gémissant sur le passé, déplorant le présent, et lisant ‘ans un sinistre avenir, elle dépose tristement sa lyre détendue jusqu'au retour incertain de la Paix, des Arts, de la Vertu et du Bonheur.