Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, page 150
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138 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION
Séance levée à minuit moins un quart. »
Toutefois, l'arrêté du Conseil général du LT janvier qui précède, placardé le 12 dans Paris, souleva des tempêtes. Voii en quels termes, dans les Mémoires de Fleury, qui jouait le rôle si important de Forlis, on rend compte de la physionomie de la représentation du 12 janvier :
« Cependant, la Comédie fait annoncer qu’elle est obligée de changer de spectacle. Elle donne connaissance de l'arrêté et de sa breve rédaction :
« — C’est une tyrannie! s'écrie-t-on, et de cette voix formidable qui veut être obéie : L’Ami des Lois ! l'Ami des Lois!
« Quelques perturbateurs veulent se faire entendre; mais le parterre se soulève, les serre, les étouffe; il faut pour ainsi dire qu'ils surnagent, qu'ils portent la tête au-dessus du flot pour respirer l'air. Alors on aperçoit leur figure, on les accable de huées, et ce même flot les repoussant en dehors de lui, les froisse, les promène, aux clameurs ironiques de toute la salle, enfin les jette honteusement par l'issue.
« — La pièce! la pièce ! s’écrie-t-on.
« Le tumulte est à son comble. En vain le commandant de la garde nationale, le trop fameux Santerre, entouré de son état major, paraît-il en superbe uniforme, on n'écoute rien; on se moque de lui. Les quolibets pleuvent de toutes parts en pointes de vaudevilles avec l'incessante basse continue :
« — La pièce! La pièce! »
Ajoutons, pour compléter ce récit, que des tronpes occupaient les alentours de la salle: qu'au carrefour Bucy, deux pièc:«s d'artillerie étaient hbraquées; qu'aux paroles et à l'attitude menaçantes de l’exbrasseur du faubourg Saint-Antoine répondent ces cris répétés : « À la porte! silence! À bas le général