Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE ot

Bientôt il put prendre une revanche éclatante avec l'Agamemnon de Népomucène Lemercier, à côté de M" Petit-Vanhove. Ë

MM. Étienne et Martainville considèrent cette tragédie comme la plus belle qu'on eût donnée depuis trente ans. Il est à remarquer que c'était l’œuvre d’un jeune auteur de vingt-cinq ans, qui ne retrouva pas de semblable succès dans le cours de sa carrière (1).

Talma fut superbe dans le rôle d’'Egisthe, et Mre Petit-Vanhove déploya dans celui de Cassandre une remarquable délicatesse de sentiments.

Cette représentation, du 5 floréal an V (24 avril 1797), fut suivie d’un succès prolongé qui fit époque au théâtre de la République. Aussi l’Agamemnon de Lemercier peut être regardé comme la dernière tragédie classique, avant l’éclosion du drame romantique, qu'elle fait d’ailleurs en quelque sorte déjà pressentir.

Pendant que tous les amis des lettres se réjouissaient du succès d’'Agamemnon, et félicitaient le jeune auteur qui venait de se révéler si brillamment, la scène française faisait une perte sensible dans Mie Desgarcins. -

Née en 1770, élève de Molé, à l'Ecole de déclamation, elle avait débuté avec succès, à la ComédieFrançaise, en 1788, dans Athalide de Bajazet. Douée d'une sensibilité exquise, qui savait arracher les larmes, et d’un organe enchanteur, elle excellait, surtout, dans les rôles d’amoureuses tragiques.

En 1792, ainsi que nous l'avons vu, elle s'était

(1) Ses premiers débuts, comme auteur dramatique, avaient eu lieu, à 18 ans, avec une tragédie : Méléagre. Son 2° ouvrage était Lovelace, drame en 5 actes, joué, le 20 avril 1792, au théâtre de la Naüon; enfin il avait donné, le 13 germinal an IV, au théâtre de la République : Le Lévite d'Ephraïm, tragédie en 3 actes, tirée d’un sujet de J.-J. Rousseau.