Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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ridicules semblables. Egalement ancien valet, Crispin se fait appeler le financier Harpon, et à l’'ambition d’épouser Julie, la fille du baron de Mortas. Toutefois, sa rapide fortune le jette dans un étonnement qu'il exprime lui même en ces termes :

Quand sur quatre ressoris suspendus lestement, Je me vois dans les airs balancé mollement,

Et que de mon wiski la course meurtrière

Couvre un peuple ébahi d'un torrent de poussière, J'ignore encore comment j'ai pu sauter d’un Coup, De derrière dedans, sans me rompre le cou!

Julie repousse sa demande et sa grosse fortune. La suivante Lisette s’écrie alors :

L’ambitieux faquin ! je ne m'étonne plus S'il est tant, à Paris, de laquais parvenus !

Le prétendu financier Harpon insiste, mais la justice, qui le surveillait, l’arrête comme escroc et l'envoie au Châtelet.

Le valet du baron Pasquier qui, lui aussi, agiotait, promet à Lisette de se corriger, de ne plus jouer, et lui diten terminant :

Ma chère, en t'épousant, je place à fonds perdu!

Nous trouvons encore une peinture satirique des agioteurs et des parvenus, dans une pièce intitulée : Les Modernes enrichis, comédie en trois actes, de Pujoulx, représentée au théâtre de la République le 16 décembre 1797. Le titre primitif, modifié par ordre de la police, était : Les nouveau parvenus.

Le motif de ce changement n'apparait pas bien clairement. Cette pièce donna lieu à un rapport d’un chef de