Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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— Et plus bas : « Le Ministre a consenti à la représentation » (1).

Les principaux personnages de la comédie de Pujoulx sont deux industriels : les citoyens Rustant et Truchant. Ce dernier, dont le prénom est Victor, se fait appeler de Saint-Victor. Tous deux sont fort experts à manipuler les affaires louches et véreuses. Il y a aussi les citoyennes leurs épouses : l’une surtout, la citoyenne Truchant, professe un profond mépris pour les règles de la grammaire. Mais, en revanche, elle étale des toilettes luxueuses et d’un goût tapageur, se souciant fort peu du qu’en-dira-t-on.

Voici, au surplus, sa proféssion de foi :

Jouissons de notre fortune : La mise n’est jamais commune Lorsqu'on a beaucoup d'argent. Si l’on se rit de nous, va, c’est en enrageant. Que chacun à son tour se pous$e; On m'éclaboussait, j'éclabousse. S'il ne fallait parler que quand on parle bien, Les trois quarts de Paris ne diraient presque rien.

(1) A l’occasion des décisions de la police, la Quotidienne, journal royaliste, publié par les frères Michaud, contenait cette très judicieuse critique :

« Plusieurs théâtres, dans leurs affiches, faisaient précéder le nom de leurs acteurs du titre de monsieur et de madame. Le bureau central le leur a défendu; c’est une bêtise opposée à une autre bêtise. Des actrices ne sont ni citoyennes ni mesdames; ce sont des actr , et il suffit d'annoncer leur nom pour savoir qu'elles jouent, sans le faire précéder d’un titre insignifiant. Il est indifférent de savoir si C’est M. Molé ou le citoyen Molé qui remplira le rôle, pourvu que je sache que Molé joue. Mais on a la manie des titres, d'un côté comme de l'autre. Depuis qu'on a dit : Messieurs les artistes du ThéâtreFrançais, les spectateurs du boulevard ont aussi désigné les danseurs de corde sous le titre d'artistes, et je ne suis pas étonné de lire sur une affiche : « Le citoyen.., artiste connu remplira le rôle de M®° Angot.» Voilà un bel assemblage de citoyen, d'artiste et de madame! »

(La Quotidienne, du 14 prairial, 2 juin 1799.)