Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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332 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

croyables : le long habit carré et l’énorme cravate, costume qu’il caractérise lui-même par ce vers :

Le cou dans une nappe, et le corps dans un sac.

C’est avec toutes sortes de gaucheries qu’il s’étudie à imiter les intonations grasseyantes à la mode et la prononciation particulière aux muscadins :

« Ma paole, ma paole d’honneu, ma paole supême, ma paole panassée…. » .

Enfin, ce rôle constituait un type personnifiant très plaisamment les ridicules des merveilleux et des incroyables, dans leur langage et leur bizarre accoutrement. L'acteur Baptiste Cadet en avait fait une création d’un comique accompli, et qui contribua puissamment au succès de la pièce; elle se terminait par la ruine de Truchant et des autres personnages, faiseurs d’affaires véreuses comme lui.

Un journaliste, nommé Francville, représentant le moraliste, chargé de dire à chacun ses vérités, celui que dans le théâtre moderne, on a appelé le Desgenais (1), se réjouit de ce dénouement et dit, pour résumer la morale de la pièce :

Aux dépens de l'État ils ont fait leur fortune, Elle rentre aujourd'hui dans la caisse commune (2).

{1) Type de moraliste, dans la pièce de Barrière, les Filles de marbre, et créé par l’acteur Félix, au Vaudeville.

@) Sur un théâtre d’un ordre inférieur, ce bouieversement social fut personnifié dans un type très populaire pris sur le vif, incarnation grotesque de la parvenue enrichie, celui de Madame Angot, la Poissarde parvenue, qui cherche à imiter les manières, le bon. ton et le costume élégant des gens de qualité. .

Ainsi, s'adressant à son petit valet: « Par exemple y faut te déshabituer de ce mot, not maîtresse. Faut dire : Mame Angot, c’est pus poli. »

Mais cette dame « de la nouvelle France », après avoir ridi-