Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 339

elle plaida contre lui, pour conserver le fruit de Jeurs amours, la jeune Palmyre (1).

Un autre incident, sa querelle avec le peintre

Girodet, fit un éclat non moins scandaleux.

Après avoir commandé son portrait à ce peintre, elle le refusa, sous prétexte qu’il l’enlaidissait. Girodet, pour se venger de ce refus capricieux et non justifié, peignit, avec les traits fort reconnaissables de M'° Lange, une Danaë toute nue, sous une pluie de gros sous, qu’il exposa au Salon de peinture.

Heureusement pour l'actrice quittant le théâtre, en 1797, qu’un Belge, le riche carrossier Simons, consentit, fort à propos, à lui faire une situation réculière d’épouse.

Le père de celui-ci, Jean Simons, épousa à son tour une autre actrice non moins célèbre, M'e Candeiïlle, la donnant ainsi pour, belle-mère à Sa camarade Lange; ce qui fit dire aux faiseurs de concetti : « que « jamais plus belle mère n'avait eu plus belle « fille (2). »

(1) Le Hambourg'eois Hoppé reprochait à son ancienne mañtresse, qui avait recu 200,000 livres, sous la condition expresse de quitter ie théâtre, d’être remontée sur la seène de la Comédie-Française; puis il refusait de laisser, à une comédienne, l'éducation de cette enfant, baptisée sous son nom à l'ambassade de Suède.

La petite presse d'alors s’escrima, à cœur joie, sur les plaidoiries de part et d'autre. Mais il y eut, surtout, force allusions mordantes et applaudissements moqueurs dans toute la salle du théâtre Feydeau, quand, au cours des débats, Mie Lange, jouant le rôle de Claire du Mercure Galant, répondit: M. Lamothe, réclamant son argent :

Tous les dons qu’en m'aimant vous pouvez m'avoir faits, Me sont trop précieux pour les rendre jamais. Retenir vos présents, c’est vous aimer encore. |

Le tribunal nomma un tuteur à la jeune Palmyre, et les 200,000 francs lui furent attribués. (Paris, décembre 1796 et janvier 1797. — Gazette des Tribunauæ;, vol.fXII.)

(2) Lorgnette de Spectacle, an VIL

On raconta qu’à la nouvelle du mariage de son fils avec

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