Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma
PÉRIODE THERMIDORIENNE. — DIRECTOIRE 319
més et de femmes charmantes, c'était cette aimable philanthropie toujours prête à venir au secours des opprimés ou des êtres souffrants.
« Proposait-on une souscription en faveur d’un vieillard délaissé, d’une veuve chargée d'enfants, d'une famille ruinée par des pertes imprévues, cet appel retentissait dans tous les cœurs, et la souscription ne tardait pas à produire au delà des ressources qu'on attendait...
« J'eus l'honneur et le plaisir de participer à ces offrandes littéraires dont le souvenir vient encore, après trente-cinq ans, charmer mon imagination, et qui m'ont fait quelques vieux amis, dont le commerce m'est si précieux! Nous nous entretenons souvent ensemble de ces délicieuses soirées que nous passions au foyer français. La mémoire du cœur est un peintre si fidèle !..…
« Nous nous reportons alors, par la pensée, à ce congrès des lettres et des arts, où le strass ne passait point pour du diamant; où l’on acquérait la première science, celle de s’étudier; où l’on avait la conviction que les grands talents entre eux ne font que s'enrichir ; où les nouvelles réputations, loin d'insulter aux anciennes, les honoraient, les consultaient; où l’on ajoutait un nouveau laurier aux. couronnes déposées sur les bustes de Molière et de Racine, de Préville et de Lekain; où l’on prenait enfin cette utile conviction que l’art de bien dire agrandit et propage celui de bien faire. »