Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION À

légitime, sans valeur, et leur réitéra sa précédente injonction.

Cette résistance opiniâtre du sénat dramatique ne fit, on le comprend, qu’exaspérer encore davantage les esprits. Aussi, à la représentation du 26 septembre, la salle du Théâtre-Français retentit de clameurs furibondes réclamant absolument l'exécution de l'arrêté municipal.

Des luttes violentes, brutales, s’engagèrent avec les partisans des comédiens, et la noble enceinte fut transformée, hélas! en arène de boxeurs (1).

Bailly, dont l'influence morale était encore recon nue et respectée, intervenant alors, parvint à se faire entendre et à calmer la tempête.

Le lendemain, un grand et décisif parti était pris; la clôture du Théâtre-Français fut ordonnée jusqu’à soumission des comédiens.

Devant cette mesure énergique, extrême, qui ns laissait plus place à la résistance, la Comédie fut forcée de s’incliner et de céder. Le mardi, 28 septembre 1790, Charles IX et Talma reparurent sur la scène du Théâtre-Français.

Inutile d'ajouter que la pièce et l'acteur reçurent une ovation éclatante, partagée par M°° Vestris et Dugazon.

Une trente-sixième représentation eut encore lieu le jeudi, 30 septembre. Mais le 3 octobre, la Gazette nationale, à l'annonce des spectacles, portait cette mention : « Théâtre de la Nation. Gabrielle de Vergy, tragédie, au lieu de Charles IX, retiré par l’auteur (2). » RS OR 0 Te ENNR Es ee

(1) Ce fut à la suite d’une deces soirées tumultueuses, que la marquise de Simiane, en envoyant au général Lafayette, son ancien adorateur, une pomme tombée dans sa loge, au cours de la représentation, lui écrivit le joli billet que voici :

« Permettez-moi de vous adresser le premier fruit de la Révolution qui soit venu jusqu’à moi. »

(2 Charles IX ou l'École des rois, iragédie par Marie-