Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

A2 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

paroxysme de violence que les banquettes furent brisées, la scène escaladée, prise d'assaut. Vers 11 heures seulement, la foule se décida à évacuer la salle et se dirigea, à grand bruit, vers le PalaisRoyal, où la force armée la dissipa.

Le lendemain les comédiens étaient mandés à l’Hôtel-de-Ville.

À la semonce que leur adressa Bailly, sur leur obstination qui avait amené ces scènes violentes et profondément regrettables, ils répondirent en invoquant l’autorité des gentilshommes de la Chambre, devant lesquels ils avaient porté l'affaire.

Cette juridiction de l’ancien régime luttait encore contre le nouveau, et les comédiens, placés entre l’un et l’autre pouvoir, inclinaient sensiblement, nous l’avons dit, vers le vieux privilège du rang et du titre.

Mais le conseil de ville, sans s'arrêter à ce déclinatoire, fondé sur un pouvoir qu'il contestait, prit une délibération enjoignant aux comédiens de jouer avec Talma. Elle fut imprimée et placardée dans tout Paris. Toutefois, pour établir une balance équitable de torts réciproques, Dugazon reçut, de son côté, une réprimande avec injonction de garder les arrêts chez lui pendant huit jours ; et l'impression du jugement, à ses frais et à cent exemplaires, fut ordonnée.

Les comédiens ne se tinrent pas pour battus. A la délibération du conseil de ville, ils en opposèrent une nouvelle de leur assemblée, et, traitant ainsi de puissance à puissance, ils la notifièrent à l’autorité municipale par une lettre que portèrent deux ambassadeurs : Bellemont et Vanhove.

De son côté, le conseil de ville voulut que force restât à son autorité, car, par une nouvelle décision du 24 septembre, il déclara la délibération et la lettre des comédiens contraires au respect dû à l'autorité