Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, page 85
LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION 13
sa Bérénice. En 1673, payé à M. de Calprenède, pour une pièce de théâtre qu'il doit faire, 1,000 livres.
« N'est-ce pas sur la foi de la propriété de toutes ces pièces que, pendant plus d’un siècle, nous avons contracté, transigé, acquis des immeubles, créé des rentes, stipulé une foule de conventions? »
La lutte fut soutenue ardemment par les auteurs. Suivant eux, « le droit acquis de jouer les œuvres des auteurs ne comportait nullement le privilège exclusif de les jouer seuls, les traités étant muets sur ce point.
« Le privilège disparaissant, chacun rentrait dans ses droits. D'ailleurs, les anciens auteurs n'avaient pas stipulé librement, puisque le monopole de la Comédie ne permettait point de faire jouer aïlleurs leurs pièces.
« Cette propriété rentrait dans la catégorie des biens de mainmorte, que la Constituante venait d'attribuer à la nation. Celle-ci devait être propriétaire des œuvres dramatiques, après que les auteurs et les comédiens en avaient retiré un bénéfice convenable. »
A la suite de cette double et contradictoire argumentation, ce l'ut le 13 janvier 1791, qu'après un rapport de Le Chapelier sur la pétition des auteurs, la Constituante décréta la liberté industrielle, abolit la censure, et consacra là propriété littéraire.
Chaque citoyen pouvait donc à l’avenir, après décla-" ration préalable à la municipalité (1), établir un théâtre publie et y jouer toutes espèces de pièces, sans distinction (2).
(1) A péine le décret du 13 janvier 1791 avait-il paru, que les théâtres semblèrent sortir de terre. Il y eut, un moment, jusqu'à soixante-dix-huit soumissions de théâtres à la municipalité. (La Feuille du jour, novembre 1791.)
(2) C'est ainsi qu'on vit, par une sorte d’usurpation du privilège réservé jusque-là aux acteurs du théâtre Favart, les comédiens du théâtre de la Nation donner, à la date du 5 janvier 1792, un petit opéra-comique, intitulé Paulin et Claz-
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