Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, page 99
LES DÉBUTS DE LA RÉVOLUTION 8?
L'opposition, qui s'était manifestée avec trop de violence et de persistance pour constituer une critique littéraire sincère, souleva une vive polémique.
Son âpreté, son acrimonie atteignirent même les dernières limites, entre Chénier, les Comédiens-Français, et Palissot, ami de Chénier (1). Celui-ci publia une longue lettre adressée aux comédiens, où il le prenait de très haut; il disait notamment, faisant allusion aux agitations de cette soirée : « Voulonsnous donc devenir la fable de l'Europe, après cette révolution si brillante, qui avait fait espérer d’en être la gloire, et cette belle constitution que les étrangers nous envient, et qui devait assurer notre bonheur? Nous précipiterions-nous dans l’anarchie, pour donner à nos ennemis la cruelle satisfaction de nous voir retomber sous le glaive du despotisme”?.. » Plus loin : « Qui reconnaïîtrait l’ancien caractère des Français, au tumulte indécent dont nous avons été les témoins à la première représentation de Henri VIIL?... Des Français n’ont pas rougi de s’associer à des cabales de comédiens, et contre la pièce dont ils espéraient troubler le succès, et contre le nouveau théâtre, qui ne doit son existence qu'aux injustices révoltantes de ces mêmes comédiens. S'il existe, ce deuxième théâtre si longtemps désiré, c’est par l’indignation générale qui s’est élevée contre les persécuteurs de Talma... (2) »
(1) Palissot était l’auteur des Philosophes et des Courtisanes, deux comédies jouées avec succès au Théâtre-Français.
(2) L'établissement d'un second Théâtre-Français était depuis longtemps réclamé par l'opinion publique, ainsi que le prouve l'article ci-après, extrait de la Gazette nationale ou Moniteur universel du deux Décembre 1789 :
ART DRAMATIQUE.
Les Causes de la décadence du théâtre et le moyen de le faire. refteurir. Nouvelle édition, augmentée d'un plan,