Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

116 LES CAHIERS DES CURÉS

Ce Bonteville, en apprenant la chûte du cardinal de Brienne, se brüla la cervelle, raconte l'écrivain royaliste Montjoye (1); « la honte dont pouvaient le couvrir les relations qu'il avait eues avec ce ministre le porta à cet excès de démence et de désespoir. »

Les curés dauphinois n’ont pas écouté les conseils de cet indigne prélat. Ils ont aussi « laissé pleurer » l'archevêque de Vienne, le Frane de Pompignan, « qui, dans une lettre pastorale, paraissait vouloir établir que la servitude des peuples est de droit divin!» Ils ont laissé « jurer » l’archevèque d'Embrun !.…. Que les recteurs bretons fassent de même à l'égard de leurs évêques et grands vicaires aristocrates !

« L'intérêt du peuple et celui des curés sont inséparables. Si le peuple sort de l'oppression, les curés sortiront de l'avilissement dans lequel le haut clergé les à plongés et les retient depuis si longtemps... En combattant pour lui, le peuple combat pour eux. »

La mission des curés est, d'ailleurs, de même source que celle des évêques. Ils sont « évêques, chacun dans sa paroisse. » Leur situation est celle des soixante-douze disciples par rapport aux douze apôtres; et « les uns n'étaient pas plus nobles que les autres. »

Les 40,009 pasteurs, « l'élite du Tiers-Elat, aussi nécessaires que chers à leurs ouailles, ne doivent-ils pas l'emporter sur 120 évêques, issus de la cabale et de l'intrigue, la plupart étrangers à leurs diocèses, » n’y résidant guère que, «pour réparer par une sordide économie, les brêches que fait à leurs trésors le luxe somptueux et dévorant de la couret de la capitale ? »

Quant aux nobles, ajoutent les Dauphinois, « les curés leurs sont supérieurs au pied des autels, dans la chaire de

(1) Histoire de la Révolution de France, {. I, p. 246.