Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 115

et leur parlement (riomphaient des efforts généreux du Tiers Etat breton. « Les curés du Dauphiné doivent donc « venir à leurs secours, par leurs conseils et par leurs exemples ».

« Que le nombre et l'autorité de vos évêques ne vous en imposent point! S'ils sont bons citoyens, ils feront cause commune avec le peuple ; s'ils sont infectés des principes de la tyrannie, ne les écoutez pas !

» Vous devez souvent déférer, — quelque fois obéir aux successeurs des apôtres, mais jamais aux successeurs de ces vassaux insolents el séditieux qui ont porté leurs mains sacrilèges sur la couronne du fils de Charlemagne, détrôné sa postérité, tenu si longtemps en tutelle la race capétienne et opprimé jusqu'à nos jours le peuple français. »

Les curés dauphinois établissent avec une irréfutable logique :

« Sur les questions théologiques, en matière spirituelle, les évêques sont les chefs de la hiérarchie ecclésiastique et l'on doit suivre leur décision — lorsqu'elle n aura rien de contraire à la doctrine universellement reçue, ni à votre conscience.

« Mais ne vous y trompez pas ! En matière civile et politique, les évêques ne sont que des citoyens comme nous ; leur opinion ne doit pas enchainer la nôtre... Qu'ils dissipent scandaleusement dans la capitale ou fastueusement dans leurs châteaux le patrimoine des pauvres dont ils se sont emparés, mais qu'ils nous laissent au moinsle droit d'avoir des sentiments à nous el la faculté de nous conduire en conséquence ! Telle est la marche que nous avons suivie en Dauphiné et elle nous a réussi. »

Eux, ils avaient récemment encore pour évèque de Grenoble (1779-1788) un noble breton, Hay de Bonteville, « qui a couronné une vie ignoble par une mort ignominieuse. »