Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 135

roi principal dispensateur desbiens d’EÉglise. Il peut cumuler plusieurs évèchés et abbayes sur une même tête ; il peut aussi laisser des sièges vacants, des bénéfices sans titulaires. Il à l'administration des économats dans la main, et peut prendre dans cette caisse ce qu'il veut. Donc, à vrai dire, le clergé ne jouit de son usufruit que dans la proportion qu'il plait au prince, conclut l’auteur des Droits du clergé. W est réputé par les lois civiles « mineur » dans ses possessions, il ne lui est pas permis de vendre, acheter, aliéner ; et ce « mineur, » qui ne peut gérer ses alfaires temporelles que sous la tutelle de la nation, serait un Ordre, le premier Ordre de l'État!

Une assez grosse brochure, que nous avons retrouvée sous deux titres au Louvre et à la Bibliothèque nationale (1), Pièces du Procès ou Crimes et forfaits de la noblesse et du clergé, résume, en forme de catéchisme, toute l’histoire de France, insistant sur ce qui tend à ruiner les prétentions des deux premiers Ordres.

Dans la partie relalive au clergé, l’auteur anonyme démontre l'existence d'une « morale universelle naturelle, absolument indépendante de toutes les opinions religieuses, convenable à tous les hommes, dans tous les temps, dans tous les lieux, dans toutes les circonstances, et dont les principes sont invariables. »

Il définit les droits naturels de l'homme, base et but d’une telle morale: « La propriété de la personne et des biens, la liberté des actions, la sûreté de la vie, de l'honneur, de la réputation. » Les devoirs consistent « à respecter ces mêmes droits naturels dans ses semblables. »

» — Pourquoi cette morale si simple, si facile, si sociale, est-elle presque généralement inconnue?

» C'est qu’elle a été corrompue par son mélange avec les

(4) Bibl. nat Lb*. 769, in-8 de 464 pages.