Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

138 LES CAHIERS DES CURÉS

l'auteur anonyme des Principes de gouvernement simplifiés (1).

Ces biens, en passant dans les mains des ecclésiastiques « n'ont point changé de nature ; ils ne les ont point acquis ni gagnés ; il les ont reçus en dépôt pour le soulagement des pauvres, et non pour subsister dans l’oisiveté et dans les vices qu'elle engendre » ; encore moins pour maintenir des cultivateurs en servage.

L'État, « tuteur des pauvres », à d'autant plus le droit de disposer de ces biens qu'ils dépérissent entre les mains de l'Église. Usufruitiers, les ecclésiastiques ne songent qu'à jouir ; tout projet d'amélioration diminuerait leurs jouissances au profit de possesseurs inconnus. Leurs baux, renouvelables au changement du titulaire du bénéfice, sont aléatoires. Ils causent tant de procès qu'il à fallu instituer auprès des tribunaux des conseillers-clercs, des prètresjusticiers, qui jugent scandaleusement dans leurs propres alfaires. À chaque mutation de bénéficiers, il ya des potsde-vin à verser, dépense sans date fixe qui rend impossibles les avances nécessaires à la culture. Le laboureur sur terre d'Église n'ose y rien faire que d’une année pour l’autre : faute de sécurité, il végète sur un sol sans cesse dépérissant.

Le Jugement du Champ de Murs, « rendu le peuple assemblé, les laboureurs y séant», et le Fanal du TiersEtat, par l'auteur du Jugement (2), deux des brochures Les plus répandues à la fin de 1788 et au commencement de 1189, ne visent pas à anéantir la noblesse et le clergé, mais seulement à «les corriger ». Car les gens des deux premiers Ordres « ont besoin d’une bonne correction ».

Le Juge, — le Peuple, — tient sur le clergé un long discours, dont voici les traits principaux :

(1) In-8°, 124 pages, Lb®”, 769.

(2) Letellier, avocat, In-80, 53 et 60 pages, Bibl. révolutionnaire du Louvre, carton 160,