Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

140 LES CAHIERS DES CURÉS

» le vivais frugalement avec ceux qui suivaient ma doctrine ; vous, vous vivez avec sensualité, vous donnez des festins !..

» Je n'avais qu'une chaumière ; et vous, vous avez des palais, des châteaux, des jardins, des pares !..…

» J'étais le père des pauvres et je me faisais honneur d'être le premier pauvre ; et vous, qui possédez Joutes les richesses, vous méprisez les pauvres... peut-être même gardez-vous une partie des aumônes qu'on vous confie pour eux !

» J'étais le serviteur des serviteurs ; el vous, vous êtes des monseigneurs, des éminences, des grandeurs, des révérendissimes et excellentissimes !

» J'avais lé sang en horreur ; el vous, vous èles hauts, moyens et bas jusliciers ; vous avez des piloris, des fourches patibulaires ; vous chassez et tuez la bête fauve !

» Je ne m'occupais que de la conduite des âmes... Vous l'abandonnez à des mercenaires ; vous ne songez qu'à intriguer et faire des cabales.. Vous vous intitulez évêques par la grâce de mon père, et chacune de vos actions est un blasphème contre son nom !...

» Le jour de ma vengeance est arrivé; la voix du peuple est ma voix ! »

L'auteur du Jugement considère que « ce n’est point renverser le clergé que de le ramener à son origine ». Il nie l'utilité de tant d'èvêques qui ne résident pas ; de tant de chapitres, de collégiales, de couvents et de prieurés, « qui ne sont que des relrailes pour l'oisiveté et qui nuisent à la propagation. »

— Des curés, « des pasteurs, voilà tout ce qu'il nous faut!» s'écrie-t-il.

Et il conclut qu'on ne saurait ramener l'Église à son élat primitif, rendre le service de Dieu conforme à l'Évangile, qu'en dépouillant le clergé de ses richesses illégitimes,