Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 141

Serait-ce un attentat à la propriété ? Non. Le clergé n'a rien ; les biens dont il jouit ont été donnés à l'Église ; ce sont done les fidèles qui sont propriétaires. Les fidèles forment le corps de la nation ; done les biens de l’Église appartiennent à l'État (1). »

Le Fanal insiste. Il conteste que les prélats, princes, dues, comtes, malgré leur vœu d’humilité, fassent un bon emploi de leurs richesses. « Je croirai, dit-il, aux charités des prélats, quand je les verrai retrancher leur table, diminuer leur train. »

Il prouve que le dogme n’est nullement intéressé à ce qu'il y ait un plus petit nombre d’évèques au lieu d’un trop grand nombre de prélats, ayant chacun de 10,000 livres à un million de rentes. Rigoureusement, pourquoi les ecclésiastiques seraient-ils admis aux États-généraux ? On devraitles en exclure « parce qu'ils sont morts au monde » (2). Et il pose en principe (3) : « L'Église est dans l'État ei non pas l’État dans l'Église. »

D'après ce principe, — que d’ailleurs, l’ancienne monarchie avait maintes fois reconnu et pratiqué, — il parait tout simple à la presque totalité des publicistes de 17881789 :

Que les États-généraux seront absolument libres d'employer les biens d'Église au mieux des intérèts nationaux, et d'autre part, de réformer de fond en comble l'organisation ecclésiastique elle-même, suivant la Constitution nalionale. Dans Le grand coup de filet des États-généraux (4), on démontre que l'or des temples à {out corrompu », et que, s’il faut que «le clergé vive de l'autel», le clergé français

(1) Ibid. p. 24. (2) Ibid. p. 27. (3) Ibid. p. 22. (4) In-8° de 46 pages, Bibl. rév. du Louvre, carton 125.