Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 151

XI

LA RÉSISTANCE DU HAUT CLERGÉ ENTRAVÉE PAR LE CLERGÉ LUIMÊME. — L'ABBÉ GOUTTES.

Convoqué en assemblée générale extraordinaire au mois de juin 1788, le haut clergé s'était associé aux parlements pour protester contre la Cour plénière de Brienne et réclamer les États-généraux. Mais, tout en évoquant « les anciens privilèges, les anciennes libertés », il avait tonné contre « l'esprit turbulent du siècle », contre la tolérance de tout autre culte que la religion catholique, apostolique et romaine. Son refus du « don gratuit » s'était aggravé de doubles Remontrances, les unes contre l'Édit de 1787, qui venait d'accorder l'état civil aux protestants, les autres « sur les droits, franchises et immunités du clergé de France. »

Dans ces dernières, il rappelait la phrase du serment du sacre, que Turgot suppliait Louis XVI d'omettre et que le jeune roi bredouilla :

« Je jure de m'’appliquer sincèrement et de tout mon « pouvoir à exterminer de toutes les terres soumises à ma « domination les hérétiques nommément condamnés par « l'Église. »

Il revendiquait l’absolue inviolabilité de tous ses biens ef revenus, de quelque nature qu'ils pussent être, iusques et y compris ceux des hospices et hôpitaux administrés laïquement.

« Nos immunités, écrivait-il, prennent leur source dans la consécration, la destination et l’affranchissement primitifs de nos biens ; ces biens sont voués, consacrés à Dieu, avecexemption de toute charge étrangère à leur destina-