Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

150 LES CAHIERS DES CURÉS

de payer la portion congrue à conservé le titre de curé primitif, et que l'homme de labeur qui le reçoit n’est encore aux yeux de la loi qu'un vicaire perpétuel, que la reconnaissance du peuple honore du nom de curé, en l'absence du décimateur qui n’est plus connu que par les tributs dont il s’enrichit. »

Dans une foule de brochures laïques on décrit avec sympathie la misère du desservant « congruiste » à 350 et 700 livres par an ; on dénonce la scandaleuse opulence, la galanterie effrontée des petits et des gros abbés, des archevèques et des évêques, tous nobles, moins trois ou cinq.

Les publicistes les plus hostiles au catholicisme, comme le protestant Rabaut-Saint-Étienne (1) ou le liLre-penseur Carra (2) revendiquent l'un la tolérance complète, Pautre la liberté entière des cultes. Mais ils s’abstiennent en même temps d'attaquer les dogmes de la religion, à laquelle ils ne croient pas, et ils ménagent avec une habileté profonde les curés de campagne. Ils ne se figurent pas que les masses populaires puissent d'un bond sortir de leurs habitudes, dépouiller des préjugés millénaires, s'émanciper l'esprit et Ja conscience. Ils sentent combien, dans l'ignorance générale, au moment de rédiger les Cahiers, peut être utile le curé de village, pour écrire les plaintes populaires. Beaucoup, d'ailleurs, sont persuadés que le curé bienfaisant de Voltaire et le vicaire philosophe de Rousseau se multiplievont à travers la bataille contre l'aristocratie épiscopale et le monachisme ou congréganisme, et que la réforme chrétienne de l'Église par le bas clergé deviendra d'une utilité décisive pour l'avènement de la démocratie.

(1) Considérations sur les intérêts du Tiers-État. (2) Considérations, recherches et obsevations sur les Etalsgénéraux ,