Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

L'INSURRECTION DES CURÉS 157

L'abbé Gouttes condamne la prétention des ministres d'une religion d'égalité aux titres nobiliaires, aux droits féodaux. Il réprouve le luxe de ces soi-disants successeurs des apôtres qui ont cent mille, un million de livres de rentes ; il maudit ces abbés el prélats qui, ayant fait vœu de chasteté, « entretiennent publiquement des concubines. » Il n'hésite pas à réclamer, dans l’intérèt de la nation et non moins dans l'intérêt de la religion elle-même, « la mise en vente et en circulation de tous les biens du clergé.» Il propose que l'État fasse des ministres des autels des «officiers », des « fonctionnaires », appointés par lui et « amovibles (1 s'ils ne remplissent pas les devoirs que la religion leur assigne. »

XII LE MOT DÉCISIF PRONONCÉ PAR L'ABBÉ SIEYÉS

Emmanuel Sieyés, né à Fréjus, le 3 mai 1748, élevé dans un séminaire du midi, acheva ses études à l'université de Paris et prit sa licence en Sorbonne. D’après la Notice de M. Mignet, lue à l’Académie des sciences morales et politiques l'année même de sa mort (1836), il fut, dès sa jeunesse, imbu de lespritdes philosophes du dix-huitième siècle et « adopla avec ardeur le dogme nouveau de l'égalité sociale, christianisme polilique du monde. »

ën 1775, il obtint un canonicat en Bretagne et s'y rendit. Peu après, l’évèque de Chartres l'appela auprès de lui, en fit son vicaire général et le chancelier de son église. En 1787, il fut nommé conseiller commissaire à la chambre

(1) pages 10-14.