Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits

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rité nécessaire pour exprimer fous ses besoins ». En prévision des supercheries du haut clergé, ajoute M. Jean Wallon, les députés ecclésiastiques avaient reçu de leurs commettants « des instructions secrètes. » Ainsi s'explique comment, « malgré l'opposition épiscopale faisant parler le pape #algré lui », les curés restèrent « fidèles à leurs députés » jusqu’à la persécution de 1792, « provoquée par l'invasion. » — Ce fut, dit encore le même auteur, « l’œuvre des constituants » de réaliser la réforme « que désirait l'Église sans pouvoir l'accomplir » et les cahiers du clergé leur en tracèrent le programme. « Si les constituants se trompèrent, ils n’en furent pas responsables: » d'autant moins que les cahiers officiels se contredisent sans cesse, « chaque Ordre demandant non-seulement la suppression des abus dont il ne profitait pas, mais surtout et obstinément la conservation des abus dont il profitait. » Comme deux Ordres se trouvaient toujours réunis contre le troisième, les députés « n'avaient aucune lumière à tirer de leurs mandats et les historiens qui leur reprochent de les avoir méconnus ou qui parlent aujourd'hui d'y revenir ne les ont certainement jamais lus (1). »

Il y a du vrai et du faux dans ces observations.

Si les Cahiers de 1789, incomplètement dépouillés, ont pu être exploités par les partis opposés, c’est que le résumé authentique n’en a pu être fait sur toutes les questions, à mesure qu'elles se sont présentées devant les États généraux des trois Ordres se transformant révolutionnairement en Assemblée nationale par la faute de la monarchie et de l'aristocratie.

À un siècle de distance, il est impossible de compter des articles différemment rédigés dans plus de cent cinquante assemblées des trois Ordres comme l'on compte les voix

(1) Jean Wallon Le Clergé, de 89, in-18, Charpentier 1876, p. 225, 227, 234, 935.