Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits
LES TROIS CLERGÉS 33
ilse contentait du vêtement et de la vie (1), il n'était que l'administrateur du fonds commun, « patrimoine des paures ».
Dès que l'Eglise triomphe, elle se fait combler de richesses par les empereurs romains, puis par les chefs barbares. La communauté primitive des fidèles cesse; l'épiscopat reçoit, prend de toutes mains des immeubles, des trésors, des exemptions et immunités féodales. A travers l'invasion et l'anarchie, il usurpe la puissance temporelle dans les villages où il réside, souvent sur le diocèse entier. Les couvents, à mesure qu'ils se fondent, obtiennent des domaines et des privilèges; de gré ou de force ils prennent rang dans la féodalité.
Mais déjà les biens d'Eglise, accaparés par les hauts dignitaires, n'assurent plus le service divin. La dime sur tous les produits de la terre est généralisée à l'effet de garantir aux paroisses l'instruction des fidèles et le soulagement des pauvres. Elle ne tarde pas à être elle-même presqu'en {otalité accaparée par les scigneurs ecclésiastiques, cl quelquefois saisie par les scigneurs laïques qui l'inféodent.
Saint Eloi disait au roi Dagobert ; « Mon prince, donnezmoi la terre de Solignac, afin que j'en fasse une échelle par laquelle vous et moi nous puissions monter au ciel. »
Dès lors, abbés et évêques ne cessèrent d'exploiter la piété, la peur et la vanité des grands. Les plus exécrables forfaits s'effaçaient au moyen d'une donation à l’église ou au monastère. On pouvait acheter la canonisation, passer saint à l’aide d’un bon testament. Depuis des honneurs spéciaux à la messe solennelle, jusqu'à l’inhumation sous les dalles du temple, depuis des éloges publiés au prône de son vivant jusqu'à des prières périodiques après sa mort, l’absolution immédiate ou à temps, la délivrance du Pur-
(4) Saint-Jérome, ép. 2: