Les Cahiers des curés : étude historique d'après les brochures, les cahiers imprimés et les procès-verbaux manuscrits
LE SÉRMENT DU JEU DE PAUME 397
trouée de balles, si bien que ses collègues lui votaient un costume de garde national d'honneur.
Dans la nuit du 4 août (1), le haut clergé essaya de résister à l'entrainement de la noblesse, de réserver certains privilèges et, en principe, de maintenir l'inviolabilité des biens de l'Église, sous prétexte qu'elle n’était que dépositaire. Mais l'abbé Grégoire fit abolir les annates, tous les droits perçus par la cour de Rome, et poser la base d'une église tout à fait nationale. Les curés se levèrent pour l'abolition des dimes; ceux à porlion congrue déposèrent leur casuel sur l'autel de la patrie. Ni les intrigues épiscopales ni les menaces ultramontaines ne réussirent à les faire revenir sur les sacrifices offerts dans un moment d’enthousiasme. Îls restèrent en masse attachés à la cause populaire, même après l'abolition de la propriété de mainmorte, la saisie nationale et la miseen vente des biens de l'Église, jusqu’à la Constitution civile. Par malheur, le serment civique, très perfidement exploité par les ennemis de la Révolution, rendit contre-révolutionnaires certains des prètres qui avaient le plus contribué à former l’Assemblée nationale et à détruire l'Ancien régime.
(1) Que nous avons récemment racontée dans l'Église et les derniers serfs, p. 203-214.
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